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Alfa Romeo Arna, mais pourquoi ?

Si vous êtes Alfiste, vous avez tout fait pour l'oublier. Si vous ne la connaissez pas c'est simplement parce que cette auto est une rareté et donc que tout le monde a voulu oublier l'Alfa Romeo Arna. Une auto qui aurait pu être bien meilleure... mais qui aurait également pu trouver sa place dans l'histoire si son blason avait été différent.

Créée pour parer au plus pressé !

Quand la Golf sort, elle rebat les cartes de la production automobile européenne. Elle s'attaque à un segment qui se crée mais attire déjà de nombreux clients. Les concurrents ne sont pas tous pris de court, certains ayant des modèles similaires en développement.

Chez Alfa Romeo ce n'est pas le cas. L'entreprise est gérée par l'IRI, une agence d'état et c'est l'Alfasud qui est sur le créneau. Mais ses prestations sont en retrait par rapport à la Golf... et on ne parle même pas de la qualité de fabrication.

Alfa Romeo va donc se chercher une auto prête à produire. C'est du côté du Japon, chez Nissan, qu'on trouve l'auto : la Pulsar. Elle est déjà vendue en Europe sous le nom de Datsun Cherry (N10). On signe donc un accord de coopération et on créée une nouvelle entreprise dédiée en 1980 : Alfa-Romeo Nissan Automobili SpA dont l'acronyme est tout simplement Arna.

La Datsun Cherry N10

Le principe est simple : les caisses arrivent du Japon et reçoivent le 4 cylindres Boxer de l'Alfasud dans une usine créée spécifiquement pour cette auto. C'est au salon de Francfort en 1983 qu'est présentée l'Alfa Romeo Arna et sa carrière commence... les ennuis avec !

L'Alfa Romeo Arna ne manque pas de qualités !

Avant de parler des choses qui fâchent, parlons des qualités de l'Alfa Romeo Arna. Parce que, oui, elle en a. Déjà son moteur ou plutôt ses moteurs. Le boxer est décliné en différentes cylindrées allant de 1186 à 1490 cm³, de 63 à 95 ch. Il aime les tours, est agréable et performant et permet des performances honorables à l'italo-japonaise. C'est clairement le point le plus positif.

Le moteur de l'Arna

Ensuite, en plus des différents moteurs, c'est toute une gamme d'Alfa Romeo Arna qui est montée. Ainsi on trouve les L en 3 portes et les LS en 5 portes. À partit de 1984 on trouvera également les Ti avec 3 portes et le moteur le plus puissant.

Enfin la qualité de l'auto est excellente. C'est la "japan touch" de l'Arna et ça a été un critère de choix. Le point le plus important est certainement le fait que les aciers utilisés sont traités "Zincrometal". Contrairement aux Alfasud et 33 produites en même temps, les Arna sont exemptes (ou presque) de soucis de corrosion.

Les autres qualités ? On a malheureusement fait le tour.

Un échec industriel et commercial... prévisible !

Si l'auto a quelques qualités, elle présente surtout des problèmes. Le premier d'entre eux ? Le timing ! L'association entre Alfa Romeo et Nissan est signée en 1980. Les premières autos arrivent... et on se rend compte seulement à ce moment là que les moteurs ne rentrent pas dans le berceau. Retour à la case bureau d'étude, on doit imaginer et produire de nouvelles pièces et outillages. Du coup le planning initial qui prévoyait une sortie en 80/81 est dépassé.
Et en 1983 l'Arna a perdu de ses qualités. Une des plus évidentes : Nissan est passé à la génération suivante de Pulsar/Cherry ! Du coup le style de l'auto, déjà laid en son temps, est auto-ringardisé. On en rajoute ? En 1983 Alfa présente aussi la 33 qui remplace l'Alfasud, reprend le Boxer et se place à peu près sur la même gamme que l'Arna.

L'arrière pataud de l'Arna

Il faut également ajouter un gros problème de rentabilité. Déjà on a construit une usine pour l'Arna alors qu'on aurait clairement pu s'en passer. Située à quelques kilomètres de Pomigliano d'Arco, l'usine de Pratola Serra sert surtout à créer 1500 emplois. En plus toute la production ne se fait pas sur place puisque la peinture, l'intérieur et le moteur sont effectivement assemblés aux côtés de l'Alfasud !
Autre problème : l'adaptation du moteur requiert des pièces qui vont être produites en petite série et qui n'étaient pas prévues. Elles grèvent déjà le prix de vente final qui en plus doit faire face à la flambée du yen. Parce que les caisses sont tout de même achetées au Japon !

Enfin du côté des Alfiste, cela ne passe pas. L'Alfasud et la 33 ont meilleure presse, et sont plus proches de l'ADN Alfa Romeo. Par conséquent la clientèle captive n'est pas... captivée. 

Bilan : déplorable...

En 1986 l'Arna a déjà trois ans de production derrière elle mais ne se vend toujours pas. La rentabilité espérée n'arrive pas et les 33 ne permettent pas à Alfa de garder la tête hors de l'eau. La marque est sauvée par Fiat.
La conséquence est directe : l'Arna est stoppée en 1987. Quatre années pour seulement... 53.047 exemplaires !

Au moins, si vous trouvez une Arna, vous pourrez rouler avec une Alfa très originale !

Alfa Romeo Arna

 

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