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‍Circuit de Reims-Gueux : du Grand Prix de la Marne aux 12h de Reims

Circuit de Reims-Gueux : du Grand Prix de la Marne aux 12h de Reims

Il existe un peu partout, en France et dans le monde, des circuits qui ont connu leurs heures de gloire il y a maintenant plusieurs dizaines d’années et qui, petit à petit, ont sombré dans un anonymat quasi total. C’est un peu le cas du circuit champenois de Reims-Gueux qui a abrité, dans l’entre deux-guerres et jusqu’à la fin des années 60, de grandes épreuves comme le Grand Prix de la Marne, les 12hrs de Reims et même, le GP de France de Formule 1. Petit retour sur l’histoire d’un circuit peut-être pas aussi oublié que ça.

Le Grand Prix de la Marne

C’est le 2 août 1925 qu’a lieu le premier Grand Prix de la Marne. Le circuit n’est pas encore celui tracé autour de Gueux mais a pour plaque tournante le village de Beine proche de Reims. Le tracé fait un peu plus de 21 km et c’est Pierre Clause sur Bignan qui l’emporte. 

A compter de 1926, c’est sur une boucle dessinée autour des villages de Thillois et de Gueux que se dérouleront toutes les épreuves jusqu’à l’arrêt définitif des courses en 1972.

Jusqu’en 1931, ce sont les Bugatti qui vont l’emporter, emmenées, entre autres, pas les Dreyfus, Etancelin ou Chiron.

En 1932, le GP de France a remplacé le GP de la Marne. C’est Nuvolari qui l’emporte au volant de son Alfa-Romeo à plus de 145km/h de moyenne. Il devance deux autres Alfa pilotées par Borzachini et Caracciola.

L’année suivante, le circuit de Reims-Gueux retrouve le GP de la Marne. De nouveau les Alfa s’imposent en remportant les trois premières places, Etancelin devant JP Wimille et Guy Moll.

Après une 4ème victoire de rang pour Alfa en 1935, c’est JP Wimille sur le « Tank » 57G qui s’impose en 1936. Il renouvellera sa victoire l’année suivante, toujours sur Bugatti, mais une T59.

En 1938, c’est de nouveau le GP de France qui est à l’affiche. La domination de Mercedes et ses W154 est totale. La marque à l’étoile remporte les trois premières places, Von Brauchitsch devançant Caracciola et Lang.

Mercedes W154 1938

C’est de nouveau une marque allemande qui gagne l’édition 1939 du GP de France qui se déroule encore cette année sur le circuit de Reims. Mais cette fois ci, c’est l’Auto Union d’Hermann Paul Müller qui l’emporte.

Le GP de France prend racine sur le circuit de Reims

 

              

A la sortie de la guerre, les activités sportives reprennent petit à petit et en 1947, c’est le 1er GP de Reims qui est proposé au public. Kautz sur Maserati 4CLT s’impose. Une autre course est au programme, la coupe des petites cylindrées qui voit le prince Bira l’emporter sur Simca.

Il faut attendre l’année suivante pour voir de nouveau un GP de France à Reims. Wimille gagne sur une Alfa alors que Raymond Sommer enlève la coupe des petites cylindrées sur une Ferrari.

Après une victoire de Chiron en 1949, c’est Fangio qui va s’imposer deux fois successivement sur Alfa Romeo 158 et 159.

Alfa Romeo 159

S’ensuit alors une quinzaine d’années où le circuit de Reims-Gueux va vivre au rythme du GP de France, d’Europe ou de l’ACF, sans compter l’arrivée d’une épreuve d’endurance qui deviendra vite célèbre : les 12hrs de Reims.

Durant toutes ces années, les plus grands champions vont venir courir sur un circuit qui, à partir de 1954 va prendre sa forme définitive.

Fangio va gagner à nouveau en 54 en y imposant sa formidable Mercedes W196.

             

Les W196 au départ en 1954

           

En 1958, Hawthorn, qui sera couronné champion du monde à fin de la saison, gagne devant Moss. Les années suivantes, on retrouve au palmarès du GP de France sur le circuit rémois Brooks, Brabham, Baghetti ou Jim Clark. 

En parallèle de ces GP, les courses d’endurance prennent de plus en plus d’importance.

A partir de 1953, et jusqu’en 1967 elles vont être l’occasion de rudes batailles entre les meilleurs pilotes et voitures du moment. En 1964 et 1965, elles seront même inscrites au championnat du monde de la catégorie.

En 1953, c’est la Jaguar Type C de Whitehead/Moss qui l’emporte pour la première édition.

En 1954 et 1956, le drame des 24hrs du Mans ayant eu pour conséquence l’annulation de toutes les courses en 1955, c’est de nouveau Jaguar qui s’impose avec sa Type D.

Les années suivantes verront Ferrari s’imposer grâce à Gendebien sur 250GT, mais aussi le duo Hill/Bonnier en 64 ou Rodriguez/Gurney en 65. Ce sera surtout l’occasion de voir les plus belles GT du moment se mesurer sur une piste de plus en plus rapide mais aussi, de plus en plus dangereuse.

Ferrari 250GTO

C’est en 1967 qu’ont lieu les dernières 12hrs de Reims avec la victoire de Schlesser/Ligier sur une Ford MK II devant la Ferrai 365 P2/P3 de Piper/Siffert.

365 P2/P3

Il faut alors se rendre à l’évidence, le circuit est de moins en moins compatible avec la puissance des voitures. Les accidents y sont fréquents, mais surtout souvent graves si ce n’est pas mortels. Les grandes épreuves désertes le circuit et seules quelques compétitions subsistent comme les Trophées de France ou la coupe Internationale de Vitesse.

La dernière grande course se déroulant sur le circuit, le GP de Reims réservé au Formule 2, verra François Cevert l’emporter, les 6 premières voitures se tenant en 0.5’’. 

Il est clair que le parcours n’est plus assez sélectif et que voir arriver 6 ou 7 voitures, en paquet sur une route étroite sans séparation avec les stands et ce, à plus de 220 km/h relève de l’inconscience. La construction du circuit Paul Ricard viendra apporter une solution au besoin d’un circuit moderne répondant aux exigences de sécurité. Ce sera le coup de grâce pour un tracé d’un autre temps. 

C’est en 1972 que s’y déroulera la dernière course. Ce sera des motos qui auront l’honneur de faire le baisser de rideau.

Et aujourd’hui ?

Même si on n’y court plus, le circuit de Reims reste toujours un lieu où un grand nombre de nostalgiques aiment s’y retrouver. Après avoir été longtemps laissé à l’abandon, il est depuis 2009 classé aux Monuments Historiques français. Une association, Les Amis du Circuit de Gueux a été créée en 2007. Ses membres consacrent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à l’entretien des bâtiments restant et font vivre le circuit en organisant des visites.

D’ailleurs, il est très fréquent de voir des clubs, lors de rallyes touristiques, s’arrêter devant les tribunes principales pour y faire quelques photos.

L’association a permis de maintenir les bâtiments principaux en bon état, que ce soit les tribunes principales, le poste de chronométrage, la structure servant au panneautage ou la tribune Raymond Sommer.

Mais, avant de faire un stop devant les tribunes, une dernière information datant de mi mars 2022 est à prendre en compte. La municipalité de Gueux a pris un arrêté interdisant l’arrêt des voitures devant les vestiges du circuit au prétexte des risques que cela comporte de stationner le long d’une route à forte circulation. Il est quand même possible en contactant l’association des Amis du Circuit de Gueux de visiter le lieu  en toute sécurité.

Crédit photos : Pinterest, MC, Motorsport, Monorosso

 

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