arrow right

Olivier Gendebien : du Tour de France Automobile aux 24 Heures du Mans

Des débuts tardifs derrière le volant.

Olivier Gendebien sur sa Veritas RS BMW


Olivier Gendebien est né en 1924 à Bruxelles dans un milieu aisé  dont les activités sportives sont plutôt tournées vers l’équitation.
Il entreprend des études pour devenir ingénieur agronome. Celles-ci sont perturbées par la deuxième guerre mondiale pendant laquelle il intégrera une unité de parachutistes.
Il termine son cursus scolaire une fois démobilisé et s’envole vers l’Afrique pour y débuter son activité professionnelle. C’est là que le destin va l’amener à cotoyer le monde de la compétition automobile. Il fait la connaissance de Charles Fraikin, planteur de café mais surtout fan de course automobile. Gendebien convient alors avec ce dernier de lui servir de copilote au Liège-Rome-Liège dès qu’il retourne en Europe. C’est chose faite en 1952 où on retrouve le duo au départ de la course sur une Jaguar MKVII avec une 22ème place au classement final.
Mais ce n’est pas la première épreuve à laquelle participe le jeune belge puisque quelques jours auparavant, il a couru une manche du championnat d’Allemagne dans la catégorie des sportcars sur le circuit du Nûrburgring au volant d’une Veritas RS à moteur BMW.
1953 voit Gendebien continuer son apprentissage. D’abord aux Mille Miglia sur une Jaguar XK120 où il est encore le copilote de son ami Fraikin. Il continue aussi son apprentissage derrière le volant comme c’est le cas sur le circuit de Spa où il remporte une course hors championnat sur une Ferrari 166MM empruntée à un camarade.

Mille Miglia 1952 Jaguar XK120


1954 le voit participer pour la première fois aux 24 Heures du Mans sur une Gordini T15S mais sans succès. Au Tour de France Automobile, il termine 7ème sur une Alfa Romeo 1900TI. C’est sa deuxième participation à une épreuve qui sera pour Gendebien une chasse quasi gardée quelques années plus tard.
1954 le voit aussi participer à de nombreux rallyes au côté de Gilberte Thirion. Notamment le Rallye Evian-Mont-Blanc-Megève avec une Porsche 356 Gmünd SL où ils terminent 4ème.

Thirion/Gendebien Porsche Gmünd châssis 061


Les bons résultats glânés tout au long de l’année par Gendebien/Thirion permettent au duo de remporter le Challenge des Rallyes internationaux.
1955 va constituer un tournant dans la carrière de Gendebien. C’est sur une Mercedes 300SL qu’il s’engage aux Mille Miglia. Il domine la catégorie GT avant de rétrograder à la 2ème place suite à un changement de pneus.
Il enchaîne les courses et termine 5ème aux 24 Heures du Mans associé à Wolfgang Seidel sur une Porsche 550 Spyder.

Porsche 550 Spyder Le Mans 1955


C’est à la Coppa d’Oro delle Dolomiti que le belge va définitivement passer un cap. Sur sa Mercedes 300SL, il domine Castellotti et sa 500 Mondial. C’est cet exploit qui va convaincre Enzo Ferrari d’engager officiellement Gendebien dans son écurie.
La fin de la saison sera marquée par ses débuts sur Ferrari mais aussi par une très belle victoire au Liège-Rome-Liège qu’il remporte au volant de sa 300SL personnelle.

Mercedes 300SL Liège-Rome-Liège 1955

Les années Ferrari

Le Grand Prix d’Argentine sonne, pour le belge, le début de l’année 56. La Scuderia lui a confié le volant d’une Ferrari 555 Supersqualo dans une version hybride puisque la  voiture est une Super Squalo dont le 4 cylindres a été remplacé par le moteur V8 issu de la Lancia D50. Gendebien termine à une belle 5ème place ce qui représente un beau résultat pour un premier Grand  Prix couru sur une voiture expérimentale.
La saison se poursuit avec des places d’honneur que ce soit en endurance sur des sports prototypes ou en GT. Il termine 2ème aux Mille Miglia,  3ème au Tour Auto, 2ème aux 1000km de Bueno-Aires, 3ème au 1000km du Nürburgring et 3ème au Mans, entre autres.

Mille Miglia 1956 Ferrari 250GT


1957 va être la première d’une série de 6 années pendant lesquelles Gendebien va obtenir ses plus grandes victoires et acquérir ses gallons de pilote de premier plan.
Sur Ferrari 250GT, il triomphe au Giro di Sicilia, 12hrs de Reims, Coupes du Salon, GP Nuvolari et surout il obtient sa première victoire au Tour de Farnce Auto en compagnie de Lucien Bianchi.

L’année suivante, il enfonce le clou et aligne les brillants résultats. Sur une Ferrari 250TR, il termine 2ème à Bueno Aires et aux 12hrs de Sebring avant de remporter la Targa Florio avec Luigi Musso comme coéquipier.

Ferrari 250TR Targa Florio 1958

           

Sa plus belle victoire en endurance, il va la  conquérir au mois de juin où, associé à Phil Hill il gagne les 24hrs du Mans en devançant l’Aston Martin DB3S des frères Whitehead .
Avec sa 250GT, la série continue puisqu’après avoir gagné à Pau et Reims, il remporte pour la 2ème fois le Tour Auto en terminant 1er devant son compatriote Mairesse. Pour cette occasion, il a inauguré sa nouvelle 250GT TDF.
Le programme de l’année 59 va être un peu moins chargé pour le belge. La saison commence par une victoire aux 12 hrs de Sebring qu’il remporte sur une 250TR avec Phil Hill après avoir pris, au cours de l’épreuve, le volant de la voiture de Gurney/Daigh.
Il enchaîne par une victoire à Monthléry sur sa 250GT et par une 2ème place aux 1000km du Nürburgring toujours en compagnie Hill. La chance n’est pas au rendez-vous à l’occasion des 24 Heure du Mans puiqu’avec son coéquipier habituel, ils doivent abandonner.
C’est sur une Ferrari 250GT Interim qu’il gagne à nouveau le Tour Auto. Sa troisième de suite, un record pour l’époque.

    Ferrari 250GT Intérim Tour de France Auto 1959

   

Une page se tourne ...............ou presque !

1960 marque une rupture dans la carrière du pilote belge. En effet, il décide de ne pas renouveler son contrat avec la Scuderia. Souhaitant courir en F1 alors que Ferrari ne lui propose que quelques courses, il préfère partir sous d’autres cieux. En endurance, il s’engage avec Porsche et gagne les 12hrs de Sebring sur sa 718 RS 60 avec Hans Herrman comme équipier.

Porsche 718 RS 60 Sebring 1960

           

Pourtant, c’est toujours au volant d’une Ferrari, pour qui il continue à courir ponctuellement, qu’il va obtenir son plus beau résultat de la saison. En compagnie de son compatriote Paul Frère, il gagne pour la 2ème fois les 24 Heures du Mans sur une 250TR

Ferrari 250TR60 Le Mans 1960


Au Tour Auto, la réussite ne lui sourit pas et c’est à une modeste 14ème place qu’il termine, une intervention sur son moteur lui ayant fait perdre 1hrs30.
En monoplace, c’est en F2 qu’il débute la saison avec une Cooper T51. Après une 3ème place au GP de Syracuse, les résultats sont décevants. Malgré tout, il réussit à se faire engager par l’écurie Yeoman Credit Racing qui lui fournit une Cooper T51 pour disputer le Championnat du Monde des conducteurs dans la catégorie reine.
Ses deux premières courses sont très encourageantes puisqu’il termine sur le podium à Spa et Reims. Malheureusement, ce seront ses seuls bons résultats. Il finit le championnat à la 6eme place avec 10 points.

Cooper T51 Spa 1960


En 1961, Gendebien poursuit son rêve de gagner en F1. Il est un des pilotes de l’Ecurie Nationale belge qui vient de faire l’acquisition de 3 Emeryson-Maserati.. Mais la voiture n’est pas performante, son manque de puissance privant même le belge d’une qualification pour le Grand Prix de Monaco.
Pour le GP de Belgique, Gendebien se voit confié une Dino 156F1 par la Scuderia. Avec une voiture pourtant moins puissante que les trois autres Ferrari engagées , il réalise une belle performance puisqu’il réussit à prendre la tête de la course avant de devoir respecter les consignes de l’écurie en laissant passer les voitures de ses trois coéquipiers. Avec sa 156 peinte dans le jaune de l’écurie belge, il a démontré qu’avec un bon matériel il peut jouer la victoire.

Dino 156 F1 Spa 1961


En endurance, il continue à dominer la concurrence avec le plus souvent, Phil Hill comme coéquipier. Il remporte ainsi les 12 Hrs de Sebring sur une 250TRI puis la Targa Florio, associé à Von Trips sur une Dino 246SP. Au 24Hrs du Mans, il gagne à nouveau devant ses coéquipiers Parkes/Mairesse sur une 250TRI.

Ferrari 250TRI Le Mans 1961


Au Tour de France Auto, il doit se contenter de la 2ème place derrière son compatriote Mairesse, tous les deux sur une 250GT SWB.

Quand la saison 62 démarre, Gendebien ne sait certainement pas que ce sera sa dernière. S’il a jeté l’éponge pour ce qui est de sa participation au championnat du monde de F1, il continue à jouer les premiers rôles en endurance. Sur la toute nouvelle GTO, il termine 2ème à Sebring remportant la catégorie GT.

Ferrari 250GTO Sebring 1962

Sur sa lancée, il termine 1er à la Targa Florio et aux 1000 km du Nürburgring sur une Dino 246 SP. Et il ne s’arrête pas là puisque pour la quatrième fois, il est vainqueur des 24 Heures du Mans, toujours avec Phil Hill, au volant d’une Ferrari 330/TRI LM.

Ferrari 330/TRI LM Le Mans 1962


Ce sera sa dernière « vraie » course puisqu’a peine la ligne d’arrivée franchie, il déclare qu’il ne courra plus jamais. Il tiendra sa parole et on ne le reverra plus sur un circuit.
Plus tard, quand on lui posa la question de la raison de cette décision, il répondit qu’il avait failli avoir un accident, la nuit, lors de ses dernières 24hrs. Cela lui avait fait prendre conscience, qu’avec une famille à charge, il lui semblait inconcevable de continuer à prendre les risques que lui imposait son statut de pilote de premier plan. De plus, il avait vu disparaître beaucoup de ses camarades et que s’il voulait éviter une telle fin, il était peut-être temps de se retirer.

Pour quelqu’un, arrivé à la compétition automobile un peu par hasard, son palmarès reste une source d’envie pour beaucoup de pilotes. Avec trois victoires au Tour Auto et à la Targa Florio, et quatre aux 24 Heures du Mans, il est, avec Jacky Ickx, le pilote belge le plus titré .
Il décède en 1998 dans le sud de la France où il vivait depuis son retrait.

Crédit photos : Pinterest, Primotipo, Rosso Automobili, Porsche.

quote

Articles

arrow right