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L’année dernière, Nous avons fêté en juin le centenaire de la naissance des 24 Heures du Mans. La fête était superbe, tant pour l’édition des « modernes » que pour celle des « classiques ». Retour sur la genèse de la première édition.
En 1920 est inauguré le circuit de la Sarthe. Long d’un peu plus de 17km, il forme une boucle reliant Pontlieue, Mulsanne, Arnage et Maison Blanche avant un passage devant les stands et un retour sur la proche banlieue du Mans. C’est sur ce circuit qu’a lieu en 1921 le Grand Prix de l’ACF, épreuve la plus prestigieuse de la saison. Seul problème, cette manifestation a pour principe de se dérouler annuellement dans une ville différente. Ceci pousse l’ACO à imaginer une course pouvant avoir lieu chaque année sur le circuit manceau.
Les responsables de l’Automobile Club de l’Ouest optent alors pour une manifestation singulière : une course de 24 heures non stop. Même si ce n’est pas totalement nouveau, cela existe déjà aux Etats Unis, l’idée est originale d’autant plus que ce sont des voitures de tourisme ou de sport proches de celles vendues au grand public qui devront s’affronter sur la piste. Les modifications autorisées, par rapport à la version standard présente au catalogue de la marque, sont minimes et varies suivant les cylindrées.
L’idée première est de prouver que la voiture de Monsieur Toulemonde est capable de rouler pendant 24 heures et démontrer ainsi la fiabilité globale du véhicule. Le vainqueur déclaré sera celui ayant accompli la plus grande distance.
C’est à Charles Faroux du quotidien l’Auto que le projet est soumis. Avec l’ACO, il va établir un règlement technique et sportif qui sera appliqué à la première des éditions prévue fin mai 2023.
L’épreuve est « sponsorisée » par les roues Rudge-Whitworth » qui équipent beaucoup de voitures à cette époque. Son administrateur, Emile Coquille, crée une coupe triennale. Elle récompense les constructeurs présents trois années de suite, tous modèles de la marque confondus, à condition qu’ils terminent la course en ayant parcouru un kilométrage minimum imposé.
A peine la décision prise, le magazine L’Auto laisse entendre qu’une grande épreuve est en cours de préparation. Tout le battage fait dans la presse autour de ce futur événement va porter ses fruits. Du simple spectateur aux constructeurs, potentiels participants, tous vont faire en sorte que cela soit un vrai succès. Cette nouvelle course ne va pas de suite s’intituler 24 heures du Mans mais Grand Prix d’Endurance de 24 heures, bien en rapport avec le réglement voulu par les organisateurs.
Pour une première, les organisateurs ne vont pas être décus. La pluie et la grêle s’invitent à la course, ce qui, sur des routes alternant les portions goudronnées à celles en terre, va rendre ce GP d’Endurance de 24 heures encore plus dantesque.
Ce sont 33 voitures de 16 marques différentes qui s’élancent à 16 heures. Les places sur la grille de départ sont déterminées en fonction de la cylindrée de la voiture. Ce sont donc les puissantes Excelsior belges et la Lorraine Dietrich B3-6 n°5 qui s’élancent en tête.
Rapidement, les Chenard et Walker Sport prennent la tête et ne vont plus la lâcher jusqu’à l’arrivée malgré l’opposition des Lorraine Dietrich, Bignan ou Bentley.
Les spectateurs, moins nombreux qu’espèrés à cause de la pluie, profitent d’une ébauche de village dans lequel ils peuvent trouver un cinéma et un orchestre. Un panneautage le long de la piste leur donne des indications sur le déroulé de la course et permet aux concurrents de connaître leur position.
Au bout des 24 heures, c’est la Chenard & Walker Sport n°9 de Lagache et Léonard qui l’emporte en parcourant 2209,536km à la moyenne de 92,064km/h.
Elle devance une autre Chenard, la 3ème place étant prise par une Bignan 11HP Desmo.
Bentley, une des rares marques étrangères incrites, termine 4ème avec la Bentley Sport de l’équipage Duff/Clement.
Les anglais feront mieux l’année suivante puisque c’est ce même équipage, toujours sur une Bentley Sport qui remportera la 2ème édition de cette nouvelle compétition.
C’est un grand succès pour Chenard & Walker dans une épreuve mettant en avant la fiabilité de ses voitures. La marque basée à Genevilliers remportera la première Coupe Triennale en étant engagée et classée en 1924 et 1925.
La machine est lancée et chaque année ou presque, le monde de l’endurance a rendez-vous dans la Sarthe pour venir batailler sur la piste mancelle. Si l’année dernière c’était la 91ème édition qui se déroulait en juin, on fêtait bien les 100 ans d’une épreuve qui n’a jamais été aussi populaire.
Crédit photos : Pinterest, ACO
