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Ferrari au Mans, partie 2 : 58 ans de batailles, de discrétion et un retour

Après une première partie, que vous retrouvez sur News d’Anciennes en cliquant ici, on vous propose de vous immerger dans les 58 dernières années de présence de Ferrari aux 24h du Mans ! 58 années marquées par des échecs, des retours et enfin une nouvelle victoire, le week-end dernier.

1966 - 1974 : quand la victoire s’échappe

Reprenons en 1966. Ferrari vient de signer une incroyable série de 6 victoires d’affilée et est le constructeur qui a le plus remporté les 24h du Mans. On ne va pas vous refaire toute l’histoire puisque vous avez certainement déjà vu le film qui retrace l'ascension de Ford et de sa GT40 vers la victoire en 1966.

Car, oui, les Ferrari sont battues. Les 330 P3 et 365 P2/P3 cassent toutes. Ferrari n’a mené qu’à la 6e heure avec Ginther et Rodriguez. On se console avec une nouvelle victoire en GT 5 litres pour la 275 GTB/C de Courage et Pike.

En 1967, place à la Ferrari P4. La fiabilité s’améliore mais les Ford Mk.IV (vous direz GT40 si vous voulez) sont imbattables. En tout cas, une résiste à Scarfiotti et Parkes qui ne peuvent prendre que la 2e place avec la victoire en Prototype 5 litres, devant Mairesse et Blaton. Deux Ferrari sur le podium du général, c’est bien sachant que la 275 GTB/C suisse de Spoerry et Steinemann remporte les GT.

En Septembre 1968, les 24h du Mans ont été déplacées suite aux événements de Mai, le règlement a changé. Les prototypes sont limités à 3 litres et la Scuderia ne joue pas la gagne, surtout que Porsche monte en puissance et que les GT40 MkI peuvent rouler en sport vu le nombre de voitures produites. La meilleure auto à l’arrivée est une “antique” 250 LM pilotée par Piper et Attwood qui termine 7e.

Le retour en catégorie reine s’opère en 1969 avec la Ferrari 312P. Malheureusement la fiabilité n’est pas au rendez-vous et c’est encore Ford qui l’emporte tandis qu’une autre 250LM est la seule Ferrari à l’arrivée, 8e cette fois.

En 1969, Porsche avait fait entrer le loup dans la bergerie en produisant des Porsche 917 à suffisamment d’exemplaires pour devenir des Sport 5 litres. Ferrari fait de même en 1970 avec les 512S. Fiabilité et performances ne sont pas au rendez-vous. Deux autos se classent 4e et 5e tandis que toutes les autres sont non classées ou abandonnent.

La Ferrari 512M relève la barre en 1971. Juncadella et Vaccarella vont même mener quelques tours mais comme au foot, à la fin ce sont les allemands qui gagnent et les 917 signent un doublé devant trois Ferrari. À la 5e place on retrouve en effet une 365 GTB/4 Daytona… qui court elle aussi en Sport 5 litres !

La Daytona est homologuée en GT pour l’année 1972. Cette année là, Ferrari n’est pas présent officiellement, les Sport 5 litres étant bannies, laissant Pozzi glaner la victoire en GT.

La Scuderia revient avec son prototype 312PB en 1973. Merzario signe la pôle et mène les deux premières heures. Il se contentera, à la fin, de la 2e place avec Carlos Pace alors que toutes les autos ont mené. Pozzi, avec Ballot-Léna et Elford, remporte encore le GT.

Sur ce revers, la Scuderia ne revient pas en 1974, laissant le NART engager une 312P qui échoue à la 9e place. Par contre la Daytona ajoute une nouvelle victoire en GT.

1975 - 2002 : Ferrari comme ancienne gloire

On entre ensuite dans une période plus dure pour Ferrari. La marque ne vient plus chercher la victoire et laisse les GT se battre contre des Porsche 911 RSR qui deviennent imbattables. Aucune Ferrari n’est même au départ des 24h du Mans 1976. À partir de 1978 les Berlinetta Boxer reviennent mais leurs performances et leur fiabilité tardent à se concrétiser. En 1979 les 512 BB/LM courent même en catégorie IMSA mais ne concrétisent qu’en 1981 avec la 5e place et la victoire de classe pour Andruet - Ballot-Léna et Regout.

Ces autos ont toujours là en 1982 quand les Groupe C prennent le pouvoir. Mais Ferrari est toujours absente de la catégorie reine, même si c’est bien un V8 Turbo made in Maranello qui propulse les Lancia LC2.

En 1984, les 9 victoires de Ferrari sont égalées par Porsche. En 1985, le constructeur allemand prend les devants pour ne plus jamais l’abandonner (jusqu’à présent). En 1986 et 1987, on ne retrouve plus de Ferrari, ni même de moteur Ferrari, au Mans. Les Lancia LC2 font des retours timides, toujours sur la liste des abandons. En 1991, leur moteur se retrouve même dans un châssis Spice !

1993 voit le retour d’une 348LM en C4 mais elle ne prend pas le départ ! Avec l’avènement des GT à partir de 1994 on voit des 348 LM et 348 GTC-LM sur la piste (en GT2) et une F40 en GT1 !

Il faut attendre 1995 pour voir le retour de Ferrari avec un prototype. Il s’agit en fait d’une 333 SP, prévue pour le championnat IMSA et engagée par une équipe privée. Cette année-là, elle ne couvre que 7 petites boucles du circuit des 24h quand les F40 LM et F40 GTE sont loin au classement.
En 1996, la 333 SP du Racing for Belgium s’illustre avec le meilleur tour en course mais abandonne, comme toutes les autres Ferrari au départ. Il faut attendre 1997 pour que l’une d’elles voit l’arrivée à la 6e place et 1998 pour que, enfin, elle remporte le LMP1 (8e au scratch derrière les GT1) avec Taylor, Van de Poele et Vélez. Une voiture sera au départ en 1999 pour un nouvel abandon.

Les GT prennent le pouvoir

En 2000 et 2001, aucune Ferrari n’est au départ. En 2002, la marque est de retour avec des 360 Modena GT mais également avec une 550 GTS conçue et développée par Prodrive. Dès l’année suivante, elle s’impose en GTS avec une belle 10e place, devançant largement toutes les LMP675. Elle sera le fer de lance de Maranello jusqu’en 2005.

À partir de 2006, ce sont les F430 GTC qui viennent chercher la classe GT2. C’est une nouvelle ère pour Ferrari qui promeut ses voitures de route avec des engagements réguliers en GT. C’est également cette année-là que les premières Ferrari sont engagées par AF Corse, l’équipe fondée par Amato Ferrari (rien à voir). Ces voitures remportent leur classe en 2008 (Bruni - Salo - Melo), 2009 (Melo - Kaffer - Salo).

À partir de 2011, place à la 458 Italia GT2 qui fait le doublé en GTE Pro dès 2012, récidive en 2014, les deux fois avec AF Corse. La victoire vient du SMP Racing en 2015 et en 2016 la 488 GTE débarque mais les 458 sont toujours là et la Scuderia Corse remporte le GTE Am. C’est de nouveau cette catégorie que remporte la 488 GTE en 2017 avant qu’AF Corse ne renoue avec la victoire en 2019 (GTE Pro) et ne fasse même le doublé GTE Pro et GTE Am en 2021.

Retour gagnant

La catégorie Hypercar devait faire appel d’air et permettre l’arrivée de nouveaux constructeurs. Après Toyota et Glickenhaus présents dès les 24h du Mans 2022, Porsche, Cadillac et Peugeot s’engagent… et Ferrari aussi ! La 499P effectue ses premiers tours de roue le 6 Juillet 2022 et c’est donc AF Corse qui est choisie par Ferrari pour l’exploitation de la voiture.

La voiture, bien née, signe la pôle pour sa première course à Sebring mais déçoit en course avec une 4e place. 2e à Portimao, 3e à Spa, elle fait figure de seule alternative à Toyota avant les 24h du Mans 2023.

Les qualifications le confirment : les Ferrari 50 et 51 squattent la première ligne. Débordée dès le départ, elles ne sont pas épargnées par les aléas de la course et chutent au classement avant de vite remonter. La 51 va ainsi remporter les 24h du Mans avec Pier Guidi, Calado et Giovinazzi. Un retour gagnant, 58 ans plus tard et un dixième titre en poche !

Photos : Ferrari.com

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