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La Turbotraction : quand la réalité et la fiction ne font qu’un.

Au début des années 50, les designers sont fortement inspirés par ce qui se passe dans le domaine de l’aviation. Tant au niveau du style que de la motorisation, plusieurs marques vont succomber à la tentation et proposer dans leurs catalogues des voitures aux formes venues du ciel. Certaines même expérimenteront le moteur à turbine, sans grand succès d’ailleurs. Cela ne pouvait laisser insensibles les créateurs de bandes dessinées qui introduisirent à leur tour dans leurs aventures, des automobiles parfois directement inspirées de cette nouvelle réalité.

L’aéronautique s’immisce dans le monde de l’automobile.

SOCEMA-Grégoire


SOCEMA-Grégoire

C’est Rover, en 1950, avec sa Jet 1 qui va présenter au public la première voiture à turbine. Extrapolée de la P4, elle ne présente pas une carrosserie particulièrement profilée et seule sa propulsion est là comme référence à l’aéronautique.
Ce sera une toute autre histoire quand la SOCEMA-Grégoire fait son apparition au Salon Automobile de Paris en 1952. Construite sur la base d’une Hotchkiss-Grégoire, elle montre une carrosserie en aluminium à l’aérodynamisme particulièrement étudié. Elle est propulsée par une turbine, placée à l’avant et raccordée à une boite Cotal. La voiture, sensée développer 100cv pour une vitesse de pointe espérée de 200km/h, fait sensation. Malheureusement, aucune suite ne sera donnée à cette étude, les performances de l’auto sont déjà dépassées et sa marge de progrès nécessite un investissement financier trop important qui finit par décourager ses plus fervents défenseurs.

Lancia Aurelia PF200 C Spider

                   

Lancia Aurelia PF200 C Spider

Cette même année, au Salon de Turin, Pinin Farina présente un concept-car construit sur le châssis de la Lancia B52 Aurelia. Baptisé Lancia Aurelia PF200 C Spider, il garde une motorisation classique puisque l’on retrouve sous son capot le moteur 6 cylindres Lancia.
En revanche, la carrosserie est totalement inspirée par le monde de l’aviation et la face avant avec son appendice de forme ronde fait penser à la tuyère d’un avion à réaction.
Quelques exemplaires seront fabriqués mais aucune production industrielle ne verra le jour.
Cette soudaine passion de la part des designers pour le monde des jets et de l’aéronautique ne va pas laisser de marbre les dessinateurs de bandes dessinées. Un va particulièrement se faire remarquer et déclencher la ferveur de ses jeunes lecteurs pour le sujet : André Franquin.

Et la Turbotraction apparaît.

Turbotraction Franquin

Franquin a toujours été très attiré par le monde de l’automobile. D’ailleurs, il ira jusqu’au bout de sa passion puisque c’est lui qui se chargera de l’illustration de la chronique automobile Starter introduite en 1956 dans le journal Spirou avant de passer le relais à Jidehem.
C’est la présentation de la SOGEMA-Grégoire qui va être sa source d’inspiration principale quand il publie une nouvelle aventure baptisée : La Turbotraction. Créée en 1952, l’histoire met en scène une voiture révolutionnaire construite par la société Turbot. Motorisée par un turbopropulseur particulièrement silencieux, souple et puissant, il permet à la voiture de cruiser au-delà des 200km/h un bras à la portière et un seul doigt sur le volant. La double corne de rhinocéros, symbole de la Turbotraction, trône au bout d’un long capot qui se termine par un cercle chromé façon tuyère rappelant qu’une turbine se cache dans ses entrailles.
La Turbot Rhino 1, puisque c’est ainsi qu’est baptisée officiellement la Turbotraction, accompagnera Spirou et Fantasio dans plusieurs aventures jusqu’à sa destruction par le cheikh daltonien Ibn Mah Zoud dans une dernière intrigue intitulée Vacances sans histoire.

Turbot Rhino 1

Mais comme tout est possible avec les héros de bandes dessinées, la Turbot Rhino 1 va renaitre grâce à Franco Sbarro qui va lui donner vie à l’occasion de l’exposition consacrée au monde de Franquin en 2004 à la Cité des Sciences et de l’Industrie.
C’est à partir des dessins de l’auteur, qu’il va construire une auto très proche de l’originale, des contraintes techniques l’obligeant à quelques modifications. 
On la reverra à plusieurs occasions sillonner la côte d’azur, sans doute à la recherche de nouvelles aventures.
Si la Rhino 1 fut détruite lors du dernier chapitre de son histoire, Spirou ne perdit pas au change puisque le fameux émir daltonien responsable de l’accident lui offrit celle qui allait l’accompagner durant les épisodes suivants : La Turbot Rhino II.

 

Turbot Rhino II

      

Franquin continuait ainsi à imaginer ce que pourrait être la voiture de demain, suivant à l’identique la démarche des responsables du style des plus grandes marques.

Crédit photos : Pinterest, Spirou, Autogespot.

 

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