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Les constructeurs (automobiles) disparus de Franche-Comté - Jacquemin - Partie 7

Pour clore cette série, je voulais vous parler d’un dernier franc-comtois, qui même s’il n’a jamais produit de véhicules en série, fait partie intégrante de l’histoire automobile de la région. Il s’agit de Paul Jacquemin, un jeune morézien qui inventa une voiture à vapeur.

Jacquemin

En 1874, alors âgé de 17 ans, Paul Jacquemin entreprend de construire un véhicule à vapeur, avec la participation d’Antoine Friaglia, charron à Morez (39) pour le châssis et de M. Rosette, mécanicien à Lons le Saunier (39) pour la motorisation.

Description

N’étant pas sans rappeler le fardier à vapeur de Cugnot (1769), ce véhicule est constitué d’un châssis en bois sur lequel se tient en son centre une chaudière tubulaire. La transmission par chaîne (avec roue unique) entraîne les roues arrières “artillerie” en bois dont le diamètre est plus important que celui des roues avants. La direction est assurée par un guidon et le freinage ne porte que sur les roues arrières. A l’avant du châssis se trouve un siège, le volant et une grosse lanterne. L’arrière supporte un coffre qui renferme une partie de la mécanique.

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L’essai

Paul Jacquemin, surnommée familièrement Popol par les Moréziens, est bien décidé à expérimenter sa machine. Un beau soir de 1874, à minuit, à l’heure où il n’y a plus de chevaux à effrayer sur les routes, ni de bourgeois à scandaliser dans la rue, Paul Jacquemin, avec ses deux camarades, montent dans le véhicule, et partent à l’assaut de la forte montée qui relie Morez au village de Morbier. Le moteur fait rage et, malgré quelques accrocs, les trois compères atteignent bel et bien leur objectif et le véhicule rentre par ses propres moyens à Morez.

Le lendemain matin, un triste accueil attend les trois compères. Le bruit du départ avait réveillé certains habitants dans leur sommeil. Ce fut un tollé d’indignations et la population cria au scandale ; certains voyaient déjà les chevaux effrayés par l’engin, franchir les parapets des routes.

Démantèlement

Paul Jacquemin fut blâmé par ses concitoyens et dut renier son œuvre. Tête courbée devant le maire de Morez, ce dernier lui signifia, au nom d’une population justement bouleversée, de renoncer à de pareilles folies, sous peine de voir s’ouvrir devant lui les portes de la maison d’arrêt. La machine infernale surnommée La Diabolique, fut remisée dans un grenier, où son constructeur la vit mutilée, pièce par pièce, pour être affectée à d’autres usages.

Conclusion

Reconnu ultérieurement comme le précurseur de la voiture à vapeur, Paul Jacquemin a été décoré de la légion d’honneur.

Ce dernier participera plus tard à l’élaboration du verre Triplex utilisé aujourd’hui sur nos pare-brise de voitures, et à l’invention du rétroscope (rétroviseur) dont il déposa un brevet.

 

Note : La Diabolique originale a été détruite à la suite de ses essais. Cependant elle a été reconstruite au plus près de l’identique en 2010 pour le Téléthon grâce à des dessins et des plans du moteur par l’association Diabo-Retro-Morez.

 

Crédits : Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté, Société d’Histoire de Nanterre, Patrimoine Automobile .Com, Sheldon’s Emu, Mémoire du cycle, Encyclo du vélo, Gazoline, Gallica.

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